Bonjour,
Et j'ai envie d'ajouter "mais pas les pruneaux", tant j'ai entendu petite cette publicité sur les pruneaux d'Agen qui disait "La gourmandise est un vilain défaut mais pas les pruneaux".
Je vais aujourd'hui philosopher sur la gourmandise et j'espère que seront nombreux les commentaires à ce sujet.
J'ai publié il y a quelque temps un livre intitulé "Nutrition gourmandise". Pour moi la gourmandise est un atout, je vais vous expliquer pourquoi.
Mais d'abord qu'est ce qu'est la gourmandise? Le Petit Robert nous dit : "C'est le caractère, le défaut de celui qui est gourmand". Nous voilà bien avancés. Et qu'est ce qu'être gourmand? Au sens ancien, nous dit le même Petit Robert, c'est "être gros mangeur". Dans la langue moderne, c'est celui qui "aime la bonne cuisine, qui est exigeant en matière de nourriture". C'est quelqu'un qui aime la bonne chère, qui sait la choisir et l'apprécier.
Au XVIIe siècle, dans Les Caractères, La Bruyère évoquait ainsi le Gourmand : "Il a un palais sûr, qui ne prend point le change, et il ne s'est jamais vu exposé à l'horrible inconvénient de manger un mauvais ragoût ou de boire un vin médiocre..."
Le gourmand choisit donc ce qu'il mange, il mange ce qui lui plaît sans culpabiliser et en se faisant plaisir.
Et il va donc à l'encontre de ce qui est admis. Car l'idée dominante dans notre société, c'est la culpabilité par rapport à la nourriture, une culpabilité quasiment inconsciente car elle est le résultat de plusieurs siècles d'apprentissage. Platon accusait ceux qui prenaient plaisir à manger de s'écarter du chemin menant à la vertu et à la sagesse et prônait la modération. L'Église catholique a perpétué la valeur d'une nourriture ascétique en faisant de la gourmandise un péché.
Une étude belge, réalisée en 2006 auprès de 1 000 personnes âgées de 20 à 65 ans a montré que 29% des hommes et 47% des femmes considèrent le plaisir dans l'alimentation comme coupable.
Beaucoup pensent que pour ne pas prendre de kilos, il faut se priver et surtout ne pas manger certains aliments diaboliques qui "font grossir". Les aliments qui leur plaisent sont obligatoirement mauvais pour la santé et ... pour la ligne. A l'inverse, les aliments bons pour la santé, ou réputés comme tels, ne font pas grossir.
Mais je reviens au gourmand qui, lui, mange de tout, enfin de tout ce qui lui plaît. Il mange des pâtes, du pain, du chocolat, de la mayonnaise, du foie gras, des gâteaux... Mais il ne change pas de poids. C'est génétique, me direz-vous. Peut-être. Il a été programmé, comme nous tous, pour peser un certain poids. C'est que le gourmand, le vrai, ne mange que ce qui lui plaît, il le déguste et n'en mange pas plus que ce dont il a envie. C'est là sa sagesse. Le gourmand retire du plaisir de ce qu'il mange et il s'arrête de manger quand il n'a plus faim.
Celui qui n'est pas gourmand ou celui qui l'est mais qui n'accepte pas sa gourmandise de peur de grossir va faire plus attention à ce que contiennent les aliments qu'au plaisir qu'ils peuvent lui apporter. Il va s'interdire certaines catégories d'aliments sous prétexte qu'ils font grossir et culpabiliser dès qu'il se permet ce que l'on appelle un "écart", c'est-à-dire une entorse à la règle. Quelle règle? Celle qu'il s'est souvent fixée lui-même en lisant un article dans un journal ou en regardant une émission télévisée ou en discutant avec un(e) ami(e). C'est celui qui mange "équilibré" (enfin, il le pense) : du thé, un yaourt et une biscotte au petit-déjeuner avec une noisette de beurre allégé, une volaille ou du poisson et des légumes verts au déjeuner, une soupe ou une salade de crudités et un yaourt au dîner. C'est aussi celui qui mange des produits "light", ceux qu'on peut manger sans culpabiliser car ils ne font pas grossir.
Un jour, il craque et il mange sans "fin" et sans "faim" les aliments qu'il s'était interdit si longtemps. Et il culpabilise. Il se sent mal et se réfugie dans la nourriture et mange encore des aliments interdits.
Les années passant, ces personnes grossissent et ne savent pas comment perdre du poids. Alors, ils multiplient les régimes. Ils ne font pas attention au goût des aliments, ils ne savent pas s'ils ont faim, s'ils sont rassasiés. Non, l'important est de ne manger que ce qui ne fait pas grossir et de s'interdire la gourmandise qui est, rappelons-le, un des sept péchés capitaux. Ils maigrissent puis ils regrossissent. A chaque régime ils perdent un peu moins de poids et à l'arrêt du régime ils en reprennent un peu plus. C'est le fameux yo-yo.
Alors, que faut-il faire? Céder à la gourmandise? Oui, si vous pouvez apprécier ce que vous aimez et prendre du plaisir à le manger. Si vous êtes gourmands, ne culpabilisez pas mais apprenez à déguster avec attention. Vous remarquerez vite que le plaisir gustatif diminue au fur et à mesure de la consommation. En arrêtant de manger au bon moment, vous éviterez l'inconfort après le repas et le risque de stocker sous forme de graisse les calories consommées en excès. Choisissez la qualité, vous trouverez vite le plaisir et vous vous arrêterez de manger quand vous serez rassasiés.
Sachez qu'aucun aliment n'est à proscrire si ce n'est ceux que vous n'aimez pas. Prenez conscience de ce que vous mangez. En ne supprimant aucune catégorie d'aliments, vous n'aurez plus de fringale et vous parviendrez rapidement à votre équilibre. Manger doit être et rester un plaisir.
Nous en reparlerons.
Bon week-end !