Bonjour,
Tous les articles que j'ai écrits sur Iznik jusqu'à maintenant parlaient des faïences d'Iznik en général. Je ne pouvais clore ce chapitre sans vous montrer une partie de la fabuleuse collection de carreaux d'Iznik du musée du Louvre.
Quand on pense "Iznik", on pense le plus souvent à "carreaux". Il faut dire qu'on ne peut que s'émerveiller devant ces carreaux qui décorent encore en Turquie les murs des mosquées, les pavillons de Topkapi ou les mausolées des princes ottomans.
La structure des murs de céramique reste la même tout au long de l'histoire d'Iznik et même après. Dans la partie inférieure, des carreaux forment une plinthe. Au-dessus, se déployent de grands panneaux constitués de carreaux répétant à l'infini le même motif ou formant une composition unifiée sous une arcature. La couleur de la bordure contraste généralement avec celle du champ central. Le mur est couronné d'un bandeau à inscription ou d'un bandeau de fleurons.
L'évolution des carreaux d'Iznik, qui est très bien expliquée au musée du Louvre, suit celle de la faïence produite dans cette ville en général.
Les carreaux d'Iznik n'ont pas toujours été carrés. Jusqu'au milieu du XVIe siècle, on trouve des carreaux de forme hexagonale parfois combinés à des triangles.
Certains portent une étoile et conservent un dessin géométrique.
Après 1550, le carré s'impose.
Entre 1500 et 1540, les décors peints sous glaçure sont limités à deux tons de bleu.
Vers 1540-1555, le violet/aubergine et le vert s'ajoutent aux bleus. Puis apparaissent divers tons comme le corail, le rouge et des verts de nuances diverses. Une technique particulière, la "ligne noire", consiste à séparer des glaçures colorées par un trait de manganèse et permet une palette plus riche. Elle passe de mode après 1560.
Vers 1630-1660, les bleus prédominent, le rouge se fait plus discret et le dessin perd en précision. Apparaissent des représentations de la Mecque et de Médine.
Par décret de 1585, Iznik a l'obligation de consacrer toute sa production au Palais. La dernière grande commande impériale se fait pour la Mosquée bleue. C'est le début de la fin d'Iznik. En 1648, il ne reste plus à Iznik que 9 ateliers alors qu'on en dénombrait 300 au début du siècle. Et en 1719, les derniers fours d'Iznik sont définitivement abandonnés.
Vers 1720-1750, des céramistes d'Iznik viennent produire à Istanbul des carreaux à la vive palette incluant le jaune mais dont la qualité est inégale.
Au XVIIIe et au XIXe siècle, Kütahya devient le principal centre de production de céramique en Turquie. Il n'y a plus de production à Iznik depuis 1719.
Mais, en 1993, est créée la Fondation d'Iznik qui a pour but de faire connaître l'art de la céramique dans cette ville et de protéger cet héritage. Depuis 1996, une production respectant la technologie utilisée dans la fabrication des faïences d'Iznik au XVIe siècle sort des ateliers d'Iznik. Vive le renouveau d'Iznik !
A bientôt !
P.S. Vous pouvez voir une partie des faïences d'Iznik présentées au Louvre dans l'album photo "Iznik".