Bonjour,
Hier, je suis allée voir l'exposition "Ciwara - Collections du Musée du quai Branly" au Musée National du Mali.
Les masques cimiers Ciwara sont emblématiques de l'art de l'Afrique de l'Ouest et en particulier du Mali. Ils sont particulièrement représentatifs du goût des collectionneurs d'art "primitif" au début du siècle dernier. Dans l'imaginaire occidental, les cimiers Ciwara ne font pas partie des fétiches, des objets en rapport avec les esprits ou les morts, ce qui explique leur succès auprès des collectionneurs. Les peintres d'avant-garde de cette époque ont été attirés par ces pièces stylisées, ces formes apurées à l'extrême du sensible. André Derain, pionnier en matière de collection d'art africain, possédait un cimier Ciwara, ainsi que Constantin Brancusi, Georges Braque et Fernand Léger.
Une exposition de masques cimiers Ciwara a été présentée en 2006 à Paris, peu après l'inauguration du Musée du Quai Branly. Elle a ensuite été prêtée au Musée d'Archéologie et d'Histoire du Mans en juin 2009.
L'exposition qui a lieu actuellement à Bamako présente 34 masques cimiers Ciwara du Mali. Elle est née d'une volonté de partenariat entre le Musée National du Mali et le Musée du Quai Branly. C'est la première fois qu'une exposition d'art africain du Musée du quai Branly a lieu dans le pays d'origine des oeuvres présentées.
Le plus ancien masque cimier Ciwara de l'exposition a été collecté au Mali en 1882. De nombreuses autres pièces ont été trouvées lors de la Mission Djibouti menée par Marcel Griaule en 1931. L'exposition met l'accent sur l'aspect esthétique de ces cimiers antilopes en bois sculpté, gravés, patinés, peints, dont le style et les matériaux varient en fonction des régions. Les pièces de la région de Bougouni combinent plusieurs motifs animaux. Celles de la région de Bamako sont marquées par l'horizontalité alors que celles de la région de Ségou donnent une impression de verticalité accentuée. Dans certaines pièces figurent des perles, des cauris, des miroirs, de véritables cornes d'antilope, du métal...
Le Ciwara, qui enseigna aux hommes à cultiver la terre, est un être bienvaillant et protecteur pour la communauté.
Un film, associé à l'exposition, montre les danses de la société Ciwara qui sont liées aux rites agraires et par conséquent à l'idée de fécondité, de fertilité. Elles ont lieu en plein jour, au milieu des champs et des villages, au début de la saison des pluies. Elles célèbrent l'union mythique entre le soleil, principe masculin, et la terre, pricipe féminin. A l'occasion des fêtes en rapport avec l'agriculture, les masques Ciwara sortent. Ils sont portés sur la tête et animés par les mouvement des danseurs. Ils sortent en général en couple.
Ils peuvent être vus par tous, n'étant pas réservés aux seuls initiés.
Largement répandu au Mali, le culte Ciwara connaît un déclin progressif. Ce qui n'empêche pas le cimier Ciwara de devenir le symbole du Mali contemporain. Il sert de logo à des programmes gouvernementaux, à des projets d'ONG, il figure sur des billets de banque, sur les timbres...
Allez vite voir cette exposition si vous êtes à Bamako. Vous ne serez pas déçus. Sinon, vous pourrez toujours voir ces pièces lors de leur retour au Musée du quai Branly.
A très vite !