Bonjour,
En allant de Saint Jean Pied de Port à la forêt d'Iraty, il ne faut pas manquer la petite chapelle Saint Sauveur d'Iraty.
Construite au XIIe siècle, c'est un des témoins des débuts de la christianisation au Pays basque. Elle est mentionnée dès le XIIe siècle (Paul Raymond - Dictionnaire topographique du département des Basses-Pyrénées, 1863, Paris, Imprimerie Impériale). Connue au XIIIe siècle sous le nom de Sanctus Salvador juxta Sanctum Justum et vers 1460 sous le nom de Sent Saubador deus Pors (collection Duchesne, volumes 99 à 114, Bibliothèque nationale de France), elle se situe sur la commune de Mendive, sur la route allant de Saint Jean le Vieux à la forêt d'Iraty, à quelques kilomètres du col de Burdincurutcheta.
Cette chapelle relevait du commandeur d'Apat Ospitalea, qui, lui même, relevait de celui d'Irissary (Ordre de Malte).
De fondation romane, elle se présente sous la forme d'un plan allongé à vaisseau unique. A l'est, l'abside semi-circulaire est couverte d'un toit à croupe en ardoise.
La première restauration connue de la chapelle a eu lieu dans le deuxième quart du XVIIIe siècle, à la demande de Jean Oxoby Indart, curé de Béhorléguy (un village voisin), comme l'indique la date portée sur la clé de l'arc en plein cintre de la porte ouest.
Un chemin de croix extérieur fait le tour de l'édifice. Chaque station est représentée par une colonne sur socle supportant un dé de pierre portant l'inscription estacionea, le numéro de la station et un lauburu (croix basque), le tout surmonté d'une croix de fer.
Une dernière station, située à l'écart des autres, est datée de 1805.
Sur toutes les façades, à l'exception de la façade ouest, on trouve de petites ouvertures étroites par lesquelles on peut voir l'intérieur de la chapelle (fermée en ce moment) et ses deux niveaux : l'un semi-enterré sur lequel donne la porte sud et l'autre, sous comble auquel on accède par la porte ouest.
Étape sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, cette chapelle faisait l'objet d'un important pélerinage pour la fête de l'Ascension.
Une plaque, située à gauche de l'entrée ouest, rappelle les passages frontaliers des Belges qui allaient rejoindre les forces alliées pendant la seconde guerre mondiale.
Plusieurs légendes sont liées à cette chapelle. Parmi elles, j'ai retenu celle de Xaindia, "la sainte" en basque. Xaindia est une jeune servante travaillant dans une ferme d'un village voisin de la chapelle. Le maître de maison, qui a oublié un outil (une houe à deux dents) dans la montagne, lui demande d'aller le chercher. La jeune fille, qui veut montrer sa bravoure, accepte, malgré l'interdiction de sortir la nuit. Elle se moque bien de toutes les légendes affirmant que le jour est le domaine de l'homme et la nuit celui de Gaueko, qui représente toutes les forces maléfiques, les démons et les êtres fantastiques. Xaindia trouve la houe et repart pour la rapporter au village quand elle est emportée dans les airs par des esprits invisibles. Elle pense à faire une prière en passant au-dessus de la chapelle Saint Sauveur. Les esprits perdent alors toute emprise sur elle et l'abandonnent. Selon les versions de cette légende, Xaindia meurt ou est déposée doucement endormie à côté de la chapelle.
Un oratoire a été construit juste au-dessus de la chapelle en son souvenir. On y trouvait une statuette en bois polychrome représentant une jeune fille tenant une houe à deux dents.
La chapelle Saint Sauveur est aussi le cadre de plusieurs légendes se rapportant à Basajaun, le "seigneur de la forêt", créature imaginaire vivant dans les montagnes basques et en particulier dans la forêt d'Iraty.
Je ne vous en dirai pas plus sur ces légendes basques mais vous invite à admirer les paysages qui entourent cette chapelle.
Après cette balade à la chapelle Saint Sauveur, continuez la route vers le col de Burdincurutcheta et la forêt d'Iraty. Si vous voulez voir de la neige, c'est le moment. Avec le vent du sud qui souffle actuellement, elle va fondre rapidement.
Chaussez vos raquettes ou vos skis avant une halte incontournable, le Chalet Pedro...
Maintenant que vous vous êtes bien restaurés, il est temps de reprendre la route. Mais attention au verglas !
Toutes les routes ne sont pas déneigées.
Il ne vous reste plus qu'à faire demi-tour...
A bientôt !